Je veux dériver en paix
Quand mon sang sera lassé de tourner en rond
pour m’offrir en couleurs aux yeux qui voient
j’espère couler à l’aveuglette
à pic, en solitaire si possible,
d’égal à égal avec un plomb.
Et la mer autour de moi.
Un corps sans vie c’est encombrant,
c’est lourd
c’est laid, et ça sent comme un dimanche soir.
Alors je veux la formule tout compris
où la mer se charge
du lavage à la cérémonie.
Je ne veux pas m’évanouir
au milieu des flammes de gaz
qui n’ont jamais goûté
la sève d’une bûche,
je ne veux pas que l’on déloge
une parcelle de sol
ni que l’on débite
un arbre plus vieux que moi
pour m’offrir une demeure
sombre et sourde
dont je ne veux pas.
Je veux disparaitre moins qu’en feu,
mais plus qu’en terre
je veux que mon corps sans vie
se perde dans la mer.
À la dérive
je sombre
mais je flotte
et le courant est maître
d’un paradoxe
qui me plaît bien.