Sans titre, 9 strophes
I
En exil des arbres
à contre jour sous les verrières basses, dans une ville sans mouvement,
il a caché le secret de son origine
en changeant de nom.
II
A la recherche d’un vague abri,
Chacun comme lui de tous les points du globe est venu
combler le mouvement vide
qui s’est substitué
sous l’effet du soleil et du métal
au grand sablier du temps.
III
Il a traversé des blocs de ciment
dont les débris éblouissent
les yeux sous les dômes,
des flaques de sang,
des corps ravinés,
en spirales
par trouée cylindrique.
IV
Il a observé parfois un morceau de ciel bleu avant de s’écrouler
d’une fatigue
sèche.
V
En contrebas,
la rivière était parsemée de débris sombres, d’éboulis, d’anciennes lianes tropicales disparues dans les souffles brûlant. Où
les feuilles s’étaient froissées en étincelles, les litanies avaient célébré la disparition des oiseaux
remplacés par les insectes et les rats.
VI
A l’angle du grand magasin
en haut des marches de pierre,
sur la terrasse déserte,
la nuit a éventé les odeurs
de poussière lumineuse.
VII
Des ambulances ont emporté
les secrets des cœurs au rythme
des feux impuissant à réchauffer aucun inconnu. VIII
Sur les passerelles suspendues,
il a marché toujours sur le même chemin loin des lumières des trottoirs
sans souvenir de la route venteuse
de son village.
IX
Il avait cru que sa promenade
menait au soleil
sous un pont peuplé
d’ombres.