La voix en fuite
Laissez-moi sortir je veux marcher
Outre les rues trouées par la marche
Pour aller où et boire de quels
sillages Pourchassé par nous les
cartographes
Tu n’inventeras aucun chemin
J’irai chasser les mystères
Poursuivre les orbes captivants
Des anciens yeux grands ouverts
J’irai rire des rangées dans les
cimetières Sous les faux ciels aux sillons
blancs Convulser aux terreuses danses
des vers
Je me cognerai contre des têtes de
femmes Tombant parfois sur du fard de
verre Hypnotisé encore par le hasard
J’achèterai des fleurs avec des graines De tilleuls aux senteurs de recels
J’aurai des reflets dans les mains
Et ma bave sèche humée par le jour
Laissez-moi sortir je veux marcher
Outre la vue des parcs en larmes
Pour aller où et boire de quels
sillages Pourchassé par nous les cartographes
Ton errance même tramera nos liens
Je sentirai les aumônes pousser aux murs
En des hivernages je m’arrêterai heureux
Changé en l’ombre d’un sourcier
Je ferai cuire des hirondelles
Aux flammes humaines sans peine
Au-dessus les branches feront un ciel
Je mourrai dans un manteau immortel
Brodé avec des cheveux roux
Mon corps à la dérive dans un fleuve clair
Je m’enfiévrerai à jamais dans les
plates-bandes Sauvages où vivent les fougères
Sous leurs spores je m’abolirai en
germes Je serai un cadavre aux yeux en fleurs
Laissez-moi sortir je veux marcher
Outre la charrue des temps actuels
Pour aller où et boire de quels
sillages Pourchassé par nous les cartographes
Le coeur au pied ta main désespère
Je sauterai d’une fenêtre sans pleurs
Mordant au sol des yeux le monde plat
Enfin pour échapper aux peuples libres
Puis retomber sur mes pas